On se retrouve pour la 3e sélection BD du blog avec les BD qui concourent pour le prix Bull’En Layon 2020 dans les bibliothèques de ma région. L’occasion pour moi de découvrir dix bandes dessinées originales et de vous en parler !
A bord de l’Aquarius, de Marco Rizzo & Lelio Bonaccorso
Résumé : Un récit documentaire à bord de l’Aquarius, un bateau humanitaire qui parcourt la Méditerranée pour secourir des migrants. En juin 2018, l’Italie et la France lui refusaient d’accoster condamnant le navire à une errance de 9 jours, mettant ainsi en lumière les ambigüités des gouvernements européens sur la politique d’accueil des réfugiés.
Pourquoi ? Parce que c’est une bande dessinée documentaire sur un sujet d’actualité brûlant : les arrivées de migrants sur les côtes italiennes. On suit des reporters qui vont sur le bateau l’Aquarius qui a tant défrayé la chronique l’année dernière, et qui vont au contact des immigrés. On découvre leurs parcours, leurs souffrances, leurs espoirs. De quoi voir différemment ces hommes et ces femmes parfois vus comme des envahisseurs mais qui ne demandent que le droit de vivre sans craindre pour leur vie.
Babybox, de Jung
Résumé : À l’âge de quatre ans, Claire a quitté la Corée du Sud et vit aujourd’hui en France. Elle a un petit frère, Julien, dix ans. Soudain, un drame se produit… Leurs parents ont un grave accident de voiture : leur mère décède et leur père tombe dans le coma. Claire découvre alors une boîte cachée au fond d’un tiroir. À l’intérieur : des photos de sa mère, jeune, un petit bracelet de naissance ainsi qu’un dossier médical. Tout se bouscule en elle : elle comprend qu’elle a été adoptée… À Séoul, les nouveau-nés peuvent être déposés, anonymement, dans une boîte encastrée dans un mur : la babybox. Et à sa création, un petit garçon, Min-ki, y a été déposé. Se pourrait-il que la babybox ait scellé les destinées de Claire et de Min-ki, et qu’elles se révèlent salvatrices pour l’un comme pour l’autre ?…
Pourquoi ? C’est mon coup de ❤ de cette sélection. Récit en partie autobiographique, il aborde le sujet des babybox en Corée : ces boîtes où les femmes peuvent déposer leur bébé qu’elles ne peuvent pas garder plutôt que l’abandonner en pleine rue. Les enfants sont ensuite récupérés par le père Isaac qui s’occupe d’eux et les met à l’adoption. C’est avec beaucoup de sensibilité que le sujet est abordé, avec des dessins précis, en noir et blanc, relevés parfois par une touche de rouge.
Calfboy, de Rémi Farnos
Résumé : Chris Birden a un problème, il ne se rappelle plus trop où il a enterré le butin de leur dernier braquage de train. Il promet à son frère de retrouver l’argent en trois jours, ce qui semble à première vue facile à réaliser. Mais la rencontre d’un orphelin, d’une voleuse de chevaux et de quelques Indiens compliquera un peu les choses…
Pourquoi ? Parce que les dessins sont originaux avec des personnages à la sauce cartoon et l’humour d’un cowboy somnanbule qui oublie où il cache le magot ! Sans grand enjeu, la BD se lit tout seule, on sourit et puis on passe à autre chose.
La plus belle femme du monde : The incredible life of Hedy Lamarr, de William Roy & Sylvain Dorange
Résumé : « La plus belle femme du monde… » ! Surnommée ainsi par son producteur, Hedy Lamarr se voit ouvrir les portes d’Hollywood après avoir fui l’Autriche nazie et un premier mari marchand d’armes. Femme de caractère, séduisante et croqueuse d’hommes (6 maris et de nombreux amants célèbres), Hedy aura du mal à exister pour autre chose que sa beauté… dans une industrie cinématographique régie exclusivement par des hommes, dans l’Amérique des années 1940-50.
Et pourtant Hedy n’est pas juste belle, elle est aussi curieuse, intelligente, et adore imaginer des inventions, sérieuses ou farfelues ! En collaboration avec le compositeur et écrivain George Antheil, la jeune actrice imagine un système de communication cryptée, qui sera plus tard utilisé pour le guidage des missiles mais aussi pour le WIFI.
Pourquoi ? L’histoire racontée est celle d’une femme qui n’a été considérée que pour sa beauté toute sa vie alors qu’elle était bien plus qu’un joli corps : c’était une inventrice de génie et une actrice hors du commun. On peut regretter cependant le manque de profondeur de la bande dessinée parfois, avec l’impression que tout est survolé et qu’on ne s’attache pas assez à Hedy Lamarr.
Le dieu vagabond, de Fabrizio Dori
Résumé : Dernier de sa lignée divine, Eustis le satyre mène une vie oisive et solitaire dans le monde moderne. Lorsqu’il découvre que d’autres dieux ont survécu, il part à la recherche de son ami Pan, curieux disparu qui semble cristalliser l’attention de tout le nouveau panthéon de l’« Hôtel Olympus ». Mais Eustis n’est qu’une divinité mineure, et peut-être vient-il de mettre le doigt dans un engrenage dangereux…
Pourquoi ? Si au départ je pensais ne pas aimer, cette bande dessinée s’est révélée être une de mes préférées. Le dessin s’inspire du style de Van Gogh, et raconte l’histoire d’un satyre désespéré de retrouver le monde des héros et des dieux. Le tout est touchant et rappelle l’Odyssée d’Ulysse ou encore la quête de Percy Jackson.
Les grands espaces, de Catherine Meurisse
Résumé : Catherine Meurisse a grandi à la campagne, entourée de pierres, d’arbres, et avec un chantier sous les yeux : celui de la ferme que ses parents rénovent, afin d’y habiter en famille. Une grande et vieille maison qui se transforme, des arbres à planter, un jardin à imaginer, la nature à observer : ainsi naît le goût de la création et germent les prémices d’un futur métier : dessinatrice. Avec humour et tendresse, l’auteure raconte le paradis de l’enfance, que la nature, l’art et la littérature, ses alliés de toujours, peuvent aider à conserver autant qu’à dépasser. Les Grands Espaces raconte le lieu d’une enfance et l’imaginaire qui s’y déploie, en toute liberté.
Pourquoi ? Cette bande dessinée autobiographique rappelle un peu les romans de Pagnol tant par la thématique campagnarde que par le dessin foisonnant et doux à la fois. Le personnage de la petite Catherine est hilarant avec sa découverte de la campagne puis de la ville en compagnie de sa soeur. Des références sont faites à la construction du Futuroscope ou à d’autres éléments de la culture française, ce qui a le don de faire sourire le lecteur. De quoi passer une bon moment, plein de douceur.
Nymphéas noirs, de Michel Bussi, Didier Cassegrain & Fred Duval
Résumé : Dans le village de Giverny, où Claude Monet peint quelques-unes de ses plus belles toiles, la quiétude est brusquement troublée par un meurtre inexpliqué. Tandis qu’un enquêteur est envoyé sur place pour résoudre l’affaire, trois femmes croisent son parcours. Mais qui, de la fillette passionnée de peinture, de la séduisante institutrice ou de la vieille dame calfeutrée chez elle pour espionner ses voisins, en sait le plus sur ce crime ? D’autant qu’une rumeur court selon laquelle des tableaux d’une immense valeur, au nombre desquels les fameux Nymphéas noirs, auraient été dérobés ou bien perdus.
Pourquoi ? Adaptée du roman éponyme de Michel Bussi, c’est une bande dessinée réussite. Les dessins et les dialogues sont adaptés de manière à ce que le lecteur suive bien l’histoire tout en conservant le mystère. C’est toutefois dommage que la fin soit un peu compliquée à bien comprendre. Je ne sais pas ce que ça rendait en roman, mais en bande dessinée j’ai du relire plusieurs fois les planches pour m’assurer de comprendre.
Negalyod, de Vincent Perriot
Résumé : Jarri a hérité du troupeau de son père : plus de trois cents chasmosaures. Le jeune homme comprend le langage des animaux et maîtrise l’art de la corde. Un jour, son troupeau est décimé par un « camion météo », c’est le début d’un long voyage pour retrouver l’homme coupable de ces expériences.
Pourquoi ? Pour la beauté des décors dessinés et de l’univers de science-fiction inventé. On est sur une planète peuplée de dinosaures, où l’eau est contrôlée par le Réseau, qui s’en sert pour contrôler la population. Jusqu’à la fin du livre on ne sait pas pourquoi certaines choses sont interdites, comment le monde en est arrivé là, ou quelles sont les origines de Jarri. La BD se concentre sur un moment précis de la chronologie de cet univers : la révolution contre le Réseau.
Maestros, de Steve Skroce
Résumé : Le Maestro et toute la famille royale ont été assassinés. Son fils, banni sur Terre, doit hériter du trône du plus puissant sorcier qui ait jamais existé, lui qui préfère profiter des plaisirs charnels que la Terre a à lui offrir. Malheureusement pour lui, ses ennemis sont partout et il devra vite se plier à ses nouvelles fonctions s’il veut que le royaume de son enfance perdure, face aux menaces délirantes qui s’offrent à lui.
Pourquoi ? C’est un OLNI pour moi (objet littéraire non identifié) : très inspiré des comics de par le dessin présenté, on part sur une histoire complètement barrée. Je pensais détester et ça n’a pas été le cas, je me suis laissée embarquée par la bizarrerie de ce comic et j’ai éclaté de rire face à quelques planches irrévérencieuses. Attention toutefois, elle n’est pas à mettre entre toutes les mains.
Malaterre, de Pierre-Henry Gomont
Résumé : Coureur, menteur, buveur, noceur… Gabriel Lesaffre a toutes les qualités. Depuis l’enfance, il est en rupture avec son milieu familial. Épris de liberté, il ne supporte pas l’autorité. Un jour, il tombe amoureux d’une lointaine cousine, Claudia. Elle a dix ans de moins que lui. Coup de foudre, mariage, trois enfants : Gabriel se laisser séduire par les charmes de la vie de couple et les délices du confort bourgeois.
Mais ses vieux démons se rappellent à son bon souvenir. Gabriel s’ennuie. Il plaque tout, s’envole pour l’Afrique, reste cinq ans sans donner de nouvelles. Puis il réapparaît, fidèle à lui-même. Mêlant manipulation, persuasion et belles promesses, il obtient la garde de Mathilde et Simon, les deux aînés, et les emmène avec lui en Afrique équatoriale. Pour ces deux jeunes ados, une nouvelle existence commence : ils découvrent l’Afrique et une vie « festive, bigarrée, frivole et un peu vaine ». Mais ils doivent aussi supporter les incessants problèmes d’argent de leur père, héritier d’un domaine qu’il est incapable de gérer, et son penchant insurmontable pour la boisson. Et si le rêve africain finissait par se dissiper dans les vapeurs d’alcool ?
Pourquoi ? C’est une superbe histoire de famille, bien que très dure. La relation entre le père et les enfants est pleine de tensions et de non-dits, mais également d’une forme d’amour qui ne sait pas comment s’exprimer. Le tout est porté par des dessins pleins de couleurs sans être trop précis, presque comme s’ils représentaient le désordre des relations entre être humains dans cette bande dessinée.
Voilà, j’espère que cette petite sélection de bandes dessinées vous aura plu, n’hésitez pas à m’en conseiller d’autres, je suis toujours ravie d’en découvrir ! ❤ 😀