Drame·Dystopie

Tupinilândia, de Samir Machado de Machado

Titre : Tupinilândia

AuteurSamir Machado de Machado

Edition : Anne-Marie Métailié

Pages528

Prix23,60€

RésuméTupinilândia se trouve en Amazonie, loin de tout. C’est un parc d’attractions construit dans le plus grand secret par un industriel admirateur de Walt Disney pour célébrer le Brésil et le retour de la démocratie à la fin des années 1980. Le jour de l’inauguration, un groupe armé boucle le parc et prend 400 personnes en otages. Silence radio et télévision.
Trente ans plus tard, un archéologue qui ne cesse de répéter à ses étudiants qu’ils ne vont jamais devenir Indiana Jones revient sur ces lieux, avant qu’ils ne soient recouverts par le bassin d’un barrage. Il découvre à son arrivée une situation impensable : la création d’une colonie fasciste orwellienne au milieu des attractions du parc dévorées par la nature. À la tête d’une troupe de jeunes gens ignorant tout du monde extérieur qu’ils croient dominé par le communisme, il va s’attaquer aux représentants d’une idéologie qu’il pensait disparue avec une habileté tirée de son addiction aux blockbusters des années 1980.


Mon avis : 

Il est rare que je craque pour un livre en me basant sur sa couverture et son bandeau, mais l’accroche mêlant Jurassic Park et Orwell était bien trop tentante !

Je commencerai cette critique en vous conseillant de vous méfier du résumé. Celui-ci annonce des événements qui ne commencent en réalité qu’à la moitié du livre. Ne sachant pas cela, j’ai lu la première moitié du livre en étant déçue de ne pas y trouver ce que je cherchais. Car avant cette prise d’otages, l’auteur revient sur la création du parc et son lien très étroit avec la politique brésilienne des années 1980. Après m’être détachée du résumé, j’ai pu apprécier à sa juste valeur ce roman. Car c’est un livre passionnant si on s’intéresse à Disney et à l’univers des parcs d’attractions ! Samir Machado de Machado y démontre l’impact culturel qu’a eu Walt Disney et ses envies d’un parc-monde où on pourrait réellement vivre. Outre cet aspect qui ravira les fans du genre, l’auteur permet aussi d’ouvrir le lecteur à la politique brésilienne. Ce sujet finalement assez peu connu en France, sauf de quelques érudits, se révèle complexe et extrêmement dense. On y découvre les accointances avec le nazisme à la sortie de la guerre, la peur croissante du communisme, … Et puis, la moitié du roman passée, l’histoire devient un film d’action avec prise d’otages, guerre au sein d’un parc d’attractions, manipulations des foules, … Le tout donne au lecteur l’impression de lire deux livres en un. 

J’ai trouvé ce livre d’une originalité rare dans son fil narratif et dans son sujet. Il est également captivant de par la part importante faite à l’histoire politique du Brésil et celle des parcs d’attractions. Mais aussi haletant à partir de l’ellipse qui nous fait retrouver le parc presque quarante ans après son abandon.

Et que dire des personnages ? La représentation est présente (personnages de couleurs et sexualités diverses), les femmes sont badass (peut-on s’arrêter quelques instants sur Helena ? Une vraie reine !) et même les enfants se révèlent intéressants et non pas juste des personnages secondaires peu utiles à cause de leur âge. Attention toutefois, j’ai eu quelques difficultés au départ à m’y retrouver parmi la multitude de personnages, mais cela peut tenir à leurs noms aux sonorités étrangères que j’avais malheureusement tendance à mélanger.

Son seul défaut est la lenteur de sa première partie mais elle s’avère nécessaire pour en comprendre toutes les implications par la suite. Avec son histoire bien construite, l’originalité de son sujet et le courage de ses personnages, Samir Machado de Machado m’a fait forte impression. Ce livre est à lire pour en apprendre plus sur le Brésil, passer une nuit blanche à s’inquiéter pour les personnages et retomber en émerveillement devant les parcs d’attraction.

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